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Togo, Mauvaise Gouvernance : Ça coince pour les 275 milliards de Francs CFA du MCC

Fraternité
Stanislas Baba, coordonnateur MCC Togo
Stanislas Baba, coordonnateur MCC Togo | Photo : DR

Le processus électoral devant aboutir à l’élection présidentielle de 2020 au Togo est conduit d’une main de fer. Une posture dénoncée par l’opposition et certaines organisations de la société civile qui réclament de meilleures conditions d’organisations. Des critiques profondes qui pourraient plomber le sésame du Togo pour le Programme « Compact » du Millennium Challenge Account en 2021. Explications !

Le Millennium Challenge Corporation (Mcc) qui conduit Millennium Challenge Account, un fonds de développement bilatéral des Etats Unis, tiendra sa traditionnelle réunion de fin d’année en ce mois de Décembre pour approuver l’éligibilité de certains pays aux différents programmes dont le Compact Program. Un programme accompagné d’une enveloppe financière d’environ 500 millions de dollars (environ 250 milliards de FCFA), désiré ardemment par le gouvernement togolais après avoir obtenu des financements du « Threshold Program » (Programme de Seuil). Surtout que pour l’année 2020, le Togo n’a pas réuni les conditions d’éligibilité à ce programme prisé par les pays en voie de développement, faute à l’organisation unilatérale des élections législatives de décembre 2019.

Programme Compact en 2020, c’est raté…

En effet, selon la carte des scores publiée début novembre par le Millenium Challenge Corporation (MCC), le Togo a validé 14 indicateurs sur les 20. Ainsi, le Conseil d’administration du MCC a indiqué que le Togo a montré une certaine amélioration dans des domaines tels que l’égalité des sexes et la gouvernance. Le pays a progressé dans l’intégration des femmes dans tous les aspects de l’économie et a donné la priorité à l’éducation des filles. Le Togo a poursuivi sa performance relative sur les indicateurs clés de la santé, tels que les dépenses relatives à la santé et au relèvement des taux de vaccination. Mais, il n’a pas validé l’indicateur critique et important qui concerne le droit politique. Sur cet indicateur le pays de Faure Gnassingbé est accrédité d’une note lamentable de 15 sur 100.

Ce qui suscite des remous au sein de la Cellule nationale du MCC. « Le Togo a en réalité validé 15 critères, y compris les droits politiques qui n’ont pas été pris en compte. Nous avons manifesté notre désaccord au MCC. Il n’est pas possible qu’une institution de cette importance ne sache pas que les élections législatives ont eu lieu conformément à la feuille de route de la CEDEAO et que c’est en toute liberté que l’opposition a choisi de ne pas y participer. Il n’est pas normal que le MCC ne sache pas que le Togo a organisé avec succès des élections législatives », a protesté Stanislas Baba, coordonnateur de MCA/MCC-Togo, le 13 novembre dernier, après la publication de la carte des scores.

Sans les principaux partis d’opposition qui avaient dénoncé des « irrégularités » et demandé des réformes avant la tenue du scrutin, UNIR, le parti au pouvoir a conservé à l’Assemblée Nationale sa majorité avec 59 sièges sur 91. Le parlement connaît par ailleurs une forte hausse du nombre de députés indépendants (18) dont la plupart ont des affinités avec le pouvoir. L’Union des forces de changement (UFC), alliés du parti au pouvoir et quatre autres formations se partagent les quelques sièges restants.

Cependant, le 08 mai 2019, le gouvernement parvient à faire voter à la quasi-unanimité une révision constitutionnelle permettant à Faure Gnassingbé de se maintenir au moins jusqu’en 2030. Ce dernier, en réinstaurant la limite du nombre de mandats présidentiels tout en la « remettant à zéro », peut se maintenir au pouvoir au-delà de son troisième mandat en cours, devant s’achever en 2020. « Une réforme taillée sur mesure » pour le fils du Feu Gal Gnassingbé Eyadéma a dénoncé l’opposition.

Les chances de voir le Millennium Challenge Corporation MCC validé l’indicateur droit politique sont quasi nulles. Cette institution américaine est réputée pour sa rigueur et son indépendance vis-à-vis des politiques. Et malheureusement, la Togo pourrait vivre la même désillusion en 2021.

C’est déjà mal parti pour 2021 …

Depuis l’enclenchement du processus électoral pour la présidentielle de 2020, les partis politiques de l’opposition et la société civile réclament toujours de meilleures conditions de transparences. Spécifiquement, ils demandent un fichier électoral fiable, la recomposition de la CENI et ses démembrements et la Cour constitutionnelle. Pour ce scrutin qui recèle plusieurs enjeux, l’opposition refuse d’être « cantonnée dans un rôle d’accompagnateur ». Le Mercredi 27 novembre dernier, le Front citoyen Togo debout qui regroupe d’autres organisations de la société civile a battu le pavé à cet effet.

Ainsi, les remarques pertinentes du MCC qui l’on obligé, à ne pas accorder le programme Impact au Togo sont en train d’être réunies pour la présidentielle 2020. Avec un rejet généralisé du processus électoral. L’organisation consensuelle de cette élection est donc une obligation si le Togo veut obtenir les 500 millions de dollars du programme. Mais, à en croire Gilbert Bawara, ministre de la fonction publique, le processus ne peut plus faire marche arrière.

En outre, le gouvernement n’a toujours pas procédé à la révision de la loi sur les manifestations comme indiquée par les rapporteurs des Nations Unies. Pour s’y soustraire, les sécurocrates du pouvoir inventent des stratagèmes qui n’ont rien à envier aux scénarii des films hollywoodiens.

En somme, le Togo est déjà mal parti pour espérer être éligible au programme Compact en 2021. De toutes les façons, cette manne financière destinée principalement à la réduction de la pauvreté, face à la corruption érigée au sommet de l’Etat, risque de ne pas profiter aux populations. Toutefois, pour revenir dans la course au compact, les autorités du pays savent quoi faire.

Source : Fraternité N°339 du 04 décembre 2019

 

 

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