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Cité au Quotidien / COVID-19 : La Bataille de la Communication

Puisqu’il est désormais de bon ton d’employer un langage guerrier dans le cadre du COVID-19, nous dirons que dans cette guerre la bataille pour contrôler la communication fait rage. Dans le courant du mois de février, les pays occidentaux avaient ainsi fait reproche à la Chine de vouloir cacher l’épidémie, c’est ainsi que le jeune médecin qui aurait signalé le début de l’épidémie serait décédé… Mais aujourd’hui regardons ce qui passe hors de la Chine. C’est aux données chiffrées, annoncées par les médias, qu’il faut prêter attention.

Commençons par l’Europe : souvent on nous annonce les décès pays par pays, essentiellement ceux de la France (dont nous écoutons souvent les médias), de l’Italie et de l’Espagne. En février, on comparait ces chiffres à ceux de la Chine. A la fin du mois de mars 2020, on parlait d’environ 3000 décès en Chine. Si on rapporte ce chiffre à la population totale de ce pays (plus d’un milliard trois cents millions d’habitants), cela donne une autre vision de la pandémie et de sa prise en charge dans ce pays. Car même si les morts ne concernaient que Wu-Han, foyer de l’épidémie, (hypothèse fausse) qui compte environ 11 millions d’habitants, cela fait 0, 03% de décès par rapport à la population de cette ville.

Mais il y a des organes de presse qui prétendent maintenant que la Chine aurait menti sur le nombre de décès qu’elle aurait enregistrés.

Cependant on ne nous dit pas souvent que toujours à la fin du mois de mars sur environ 35 000 décès dans le monde, trois pays européens la France, l’Espagne et l’Italie ont à eux tous seuls enregistré les deux tiers des décès soit plus de 21 000 morts. Et la population de ces trois pays fait environ 172 millions d’individus. Cela n’a rien à voir avec ce qui s’est passé en Chine…

Changeons de continent : Les Etats-Unis avec 325 millions d’habitants ont enregistré un peu plus de 2800 décès : les Etats-Unis pourraient-ils être soupçonnés de trafiquer leurs données, même si les décès se concentrent essentiellement à New York ?

Et l’Afrique ? Le continent qui compte un peu plus d’un milliard trois cents millions d’habitants a annoncé 150 décès à la fin du mois de mars 2020…

Loin de nous l’idée de minimiser ce qui se passe dans le monde avec ce virus qui bouleverse toute la planète, parce qu’il se répand à une allure folle, ce virus qui tue tant de gens, qui pose tant de problèmes aux soignants, et qui par conséquent, laissera des traces dans la vie de tous et de chacun. Et chaque décès est un décès de trop, car c’est une famille qui perd un être cher, des soignants qui vivent douloureusement un échec, une communauté qui perd un membre important…

Mais face à la mauvaise habitude de croire que les chiffres sont froids et plus proches de la vérité que les commentaires, il convient de se rendre compte que la façon de présenter les données chiffrées sert à favoriser telle ou telle impression, à appuyer sur tel ou tel point.

Et dans cet art-là les Africains, sont malheureusement passés maîtres. C’est pourquoi, les communiqués sur ce que décident les gouvernements ne devraient pas passer pour des informations sur la prise en charge de l’épidémie. Car entre le texte pris et la réalité de ce qui se passe sur le terrain, il peut y avoir un fossé.
Ainsi, lorsqu’on ne nous donne pas des informations claires sur le nombre de personnes contaminées dans notre pays : est-ce parce qu’on ne le connait pas ou parce qu’on ne veut pas informer la population, et la communauté internationale, de ce qui se passe vraiment chez nous?

Nous connaissons les habitudes des autorités à ce sujet, dans d’autres domaines, tout autant stratégiques. Par exemple, où trouver des données fiables et complètes sur les ressources minières de notre pays, sur ce qu’elles rapportent ? Et avez-vous essayé de consulter les dernières statistiques scolaires ? On ne peut pas y trouver directement les pourcentages des enseignants pris en charge par le public et ceux qui dépendent du privé ? Pourquoi, leurs ordinateurs ne peuvent pas faire ces calculs, ou aurait-on peur de reconnaitre la grande part du privé ? Et le taux de chômage au Togo, les données officielles vous laissent rêveurs : 4% ? Alors que vos constats de non spécialistes peuvent facilement vous faire voir qu’il ne peut en être ainsi. Pour qui donne-t-on ces chiffres ?

Et s’il n’y avait pas la crise du Coronavirus, saurait-on où nous en sommes vraiment dans notre système de santé malgré les alertes des professionnels et de leurs syndicats ?

Oui nous n’avons pas de respirateur, nous n’avons pas de matériel de protection sophistiqué pour les soignants, mais un hôpital sans eau potable, sans toilettes à disposition des malades, proposé pour l’accueil des personnes porteuses du virus, avec un déploiement médiatique, a-t-il un sens ? Ce type de structure de santé en total délabrement est chose courante au Togo, les citoyens le savent, mais le monde, hors du Togo, le sait-il ?

Alors, les nombreux communiqués et textes divers produits par le Gouvernement, deviennent-ils une réalité sur le terrain ? Ne correspondraient-il pas plutôt à des effets de communication ?

Ce sont les citoyens qui doivent répondre à cette question. Et là, le sentiment d’être abandonné de tous, de nager dans un brouillard d’incertitude, et donc d’angoisse est ce qui ressort des contacts avec la population.

Dans des situations similaires on attend que certaines personnes se donnent pour tâche de démêler le vrai du faux, de fournir aux citoyens des repères clairs. Evidemment ce sont toutes les personnes à qui leur formation et leurs compétences permettent d’analyser la situation et d’aider leurs concitoyens à faire les bons choix. Ce sont les scientifiques qui doivent procéder aux travaux nécessaires pour cela.

Ces scientifiques ne deviennent cependant des intellectuels que lorsque les informations sont livrées à la communauté en toute liberté et vérité, de manière à constituer une veille pour la cité. Cette précision est importante dans des pays comme le nôtre où les autorités essaient d’influer sur l’information dans le sens qui leur convient. Ainsi, on voit ces jours-ci la HAAC suspendre les journaux sous divers prétextes. Pourquoi ?

Pour en revenir aux intellectuels qui choisissent de diffuser leurs résultats envers et contre tout, ce qui nous inquiète, ce sont les exemples suivants : on balbutie encore sur l’histoire de notre pays depuis 1960, puis après 1990. Pourquoi ? Des exemples pareils on en a dans tous les domaines : en Géologie avec nos ressources minières, en Economie avec les résultats catastrophiques de sa gestion depuis une trentaine d’années, en Sciences Sociales, avec la pauvreté qui ne diminue jamais, en Sciences de l’Education avec l’effondrement de notre système éducatif, dans le domaine des Sciences de l’Environnement avec la déforestation, la destruction de l’environnement, etc.

Et pour revenir à la Santé, on a connu une époque où le Togo ne voulait pas avouer son vrai taux de prévalence du VIH/SIDA. Or les scientifiques le connaissaient. Mais les autorités ne voulaient pas qu’on en parle… Cela a retardé la prise en charge de cette maladie.

Alors les personnes à qui nous en appelons en ce moment où nous traversons une tragédie, ce sont les intellectuels, qui ne se laisseront pas distraire de leur rôle de veille, ni par l’amour de l’argent, ni par la peur de perde un poste ou la tranquillité dans son petit coin. Des intellectuels qui ne déformeront ni ne tronqueront pas les informations pour faire plaisir à tel ou tel.

Ce dont les citoyens ont besoin c’est d’intellectuels qui choisissent le bien commun, au nom de la liberté et de la vérité et qui constitueront pour nous une Veille contre le Coronavirus.

Maryse Quashie et Roger E. Folikoue

 

 

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