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Élection présidentielle 2020 au Togo : Capitulation Négociée d’une Certaine Opposition

Le Rendez-Vous
Extrait de la Une de Le Rendez-Vous No.346 du 13-02-2020

Nous le disions tantôt, « Les élections sont pour le régime togolais, un instrument efficace de légitimation de règne grâce aux parodies d’élections pour paraître démocratiques. Elles ne sont que des plébiscites rigoureusement contrôlés pour faire entériner par le public des choix de candidats déjà tranchés par le despote ». N’empêche, comme la politique est un choix, certains opposants n’ont pas trouvé d’inconvénients à participer à la présidentielle 2020 au Togo.

Dans leur gestion des hommes, les leaders peuvent sortir héros ou victimes de leurs choix politiques. Si tel est le cas, et qu’une analyse approfondie peut, à la lumière de ce que sont les élections au Togo, conclure que tout est plié et que les adversaires y vont en toute connaissance de cause, il y a donc débat. « Chat échaudé craint l’eau froide » ; considérer que l’organisation de l’élection présidentielle en cours est un dialogue inter-togolais sous une nouvelle formule n’est pas exagéré. Du moment où les résultats ou les effets des dialogues sont souvent connus avant leur début au Togo, vu le rejet de toute ouverture de la part de la dictature, tout ceci ajouté aux instruments et conditions dans lesquelles se préparent les élections en cours, on peut, sans risque de se tromper, se demander si cette élection n’est pas une capitulation négociée des participationnistes. Le Togo a déjà fait l’expérience de mille et un dialogues avec leur lot d’infortunes.

Et si les élections se négocient ?

A notre modeste point de vu, un dialogue ou une négociation, selon le degré d’opacité d’une dictature, peut prendre plusieurs formes : elle peut être une négociation au sens classique du terme, tout comme il peut prendre la forme d’une élection organisée en bonne et due forme avec des résultats préfabriqués connus de tous ceux qui y participent. Les dictateurs solidement retranchés dans leurs méthodes souvent uniques sont en position de sécurité avec une élection quelle qu’elle soit. Ceux qui sont disposés à éliminer, par des moyens militaires, une partie de leur population afin d’avoir les mains libres pour gouverner à vie ne peuvent avoir aucune envie de négocier de façon franche avec une opposition qui ambitionne elle aussi de gouverner. Alors de telles dictatures sont habituées à faire ce qu’aucune gouvernance n’a jamais fait ailleurs.

Devant un scandale, on peut avoir deux réactions, et toutes deux se valent. On peut se taire abasourdi par ce qui ressemble à du jamais vu, on peut crier haro sur le scandale. Pour des gens qui sont prêts à tout manger en temps de famine, la première réaction est un chèque en blanc. Qui ne dit rien consent. De telles dictatures font des lavages de cerveaux aussi bien au peuple qu’aux leaders de l’opposition. Alors, les anomalies politiques rentrent dans les habitudes et les mandants font avec. Dans ces conditions, ceux qui luttent pour libérer le peuple accompagnent le bourreau dans ses crimes de tous les jours. L’opinion laisse faire et l’adversaire en face, devant ce qu’il estime être une absence de choix, légitime des actes anticonstitutionnels.

Au Togo, on a connu 27 dialogues pour mettre le pays sur les rails, les uns sont mort-nés, les autres ont fini à mi-chemin, mais certain se sont achevés avec des conclusions signées de tous les camps. Sauf qu’aucun n’a vu ses recommandations appliquées. Finalement, les dialogues ont commencé à prendre le visage des élections. C’est ici le signe des fins, car lorsque de telles négociations à l’allure des élections auront abouti à un fiasco, l’adversaire qui perd disparaît à jamais politiquement.

Si une mauvaise entente avec une dictature peut enterrer un homme politique, comme ce fut le cas avec Gilchrist Olympio, une mauvaise élection peut, elle aussi, conduire un homme politique au cimetière. Pour nous, la participation d’un Agbeyomé à cette parade est un non-évènement, mais celle de Jean-Pierre Fabre peut être un débat. Alors, si cette farce en cours parvient aux résultats escomptés par les régents de la République, on se demande si Mr Fabre ne fera pas son deuil politique à la sortie de cette élection. L’adage qui dit « tel père tel fils » n’aura fait que se confirmer.

Avec les vieilles dictatures qui ont eu le temps de remplacer des générations, le seul avantage que l’adversaire peut tirer d’une élection telle que celle en téléchargement est de se retrouver victime d’une capitulation négociée. Le jeu ne devient clair pour le peuple en lutte qu’à l’heure du partage du gâteau électorale: poste ministériel par ici, direction ‘’juteuse’’ par- là, le décor est déjà planté avec les élections municipales récentes. Quand on fait un regard croisé entre ce qui se passe et l’élection présidentielle de 2015, on se demande si l’histoire a envie de se répéter. Avec des gouvernances très peu définies et donc hybrides qui ont fait leur ‘’preuve’’, la capitulation d’un opposant peut suivre plusieurs visages.

Il vous souvient qu’en 2015, une élection présidentielle s’est organisée et des partis politiques y ont participé à n’importe quelle condition comme c’est le cas actuellement d’ailleurs. A l’heure du forcing pour les résultats qui étaient né par césarienne, après avoir brandit les muscles, le régime n’a eu besoin que d’acheter le silence d’une formation politique qui avait de belles raisons de revendiquer une victoire. Contre des milliards versés en deux tranches dont le partage a d’ailleurs créé un froid dans la famille politique, ce parti politique a marchandé son silence. Nous vous disions que c’était un baron du RPT, en difficulté à l’époque, qui a servi de cordon de négociation entre cette formation politique et la dictature. C’était aussi le prix à payer pour que l’étau se desserre sur le baron en question. Après les élections, le silence de ce participationniste inoxydable a fait débat. Une telle situation peut saper la côte de popularité d’un clan politique.

Ensuite est venu le 19 Août 2017, les débats sont relancés. « Qui a bu boira », est-ce qu’un tel schéma où des opposants participent juste pour être le mauvais premier, le meilleur deuxième ou le meilleur troisième afin de marchander leur position est en cours de préparation contre les Togolais ? Depuis que Monsieur Faure Gnassingbé s’est assuré de la participation des participationnistes, il n’a plus eu besoin de ses classiques «jokers» tels que les Jerry Taama et comparse. Les «poids lourds» de l’accompagnement seraient plus crédibles pour que d’une légalité de façade, la dictature se légitime.

Différents cas de figures sont possibles en fin des dictatures. Tels de vieux baobabs, elles ne tombent jamais seules, elles ne meurent jamais seules. C’est alors à se demander si un échec des participationnistes ne risque pas de signer leur arrêt de mort dans l’opposition. Sur quel critère de tels messieurs pourront demain se prévaloir de l’opposition ?

Les individus ou les groupes qui s’opposent aux dictatures ont souvent de bonnes raisons de vouloir négocier encore que, en désespoir de cause, les dictatures comme celle de Faure Gnassingbé ne tardent d’ailleurs pas à en faire l’offre. Il se développera alors une certaine tentation d’explorer toutes les voies qui pourraient sauver. Dans un pays comme le Togo, le peuple a toujours été victime des arrière-pensées d’une race d’opposants.

La foire aux cancres

Un dialogue est donc ouvert au Togo, les plus sceptique ont refusé de vendre cher la peau de ce dialogue chapeauté par un certain regroupement régionale de chef d’Etat, la CEDEAO. Cette institution est venue confirmer le mal que l’opinion, surtout togolaise, pense depuis longtemps d’elle. Elle est venue afficher un certain gangstérisme international en foulant au pied les aspirations du peuple Togolais. Mais entre la CEDEAO et les Togolais eux-mêmes, qui devait prendre soin des aspirations des Togolais si tant est qu’elles existent? C’est bien les Togolais représentés par les leaders de l’opposition. Mais comment une race de ces leaders s’est comportée ? Ils étaient devenus de véritables hommes d’affaires, des négociants pour qui le peuple togolais est une matière première dont il faut chercher le plus offrant. Et le plus offrant dans des cas d’espèces, ce sont les dictatures qui ont déjà rassemblé une fortune de guerre au dos du même peuple. Ce dialogue était devenu un fonds de commerce où des opposants négocient et prennent de l’argent. A la veille de la signature du fameux accord, ils n’ont pas caché leur gloutonnerie. Ils ont pris des sous qui feront scandale même s’ils n’en n’ont déclaré qu’une infime partie.

Entre Accra, Lomé et Paris, chaque moment où il se décide des grands enjeux sur l’avenir du pays, ils sont les mêmes à marchander leur présence contre des milliards. La seule dame du groupe était d’ailleurs celle qui proposait aux autres les offres du régime et les encourageait à accepter. Pour elle, « On ne refuse pas l’argent, c’est des propositions qu’on refuse ». C’est ainsi que le dialogue est devenu une foire aux cancres. Un jour, en marge d’une rencontre à Accra, un leader de l’opposition a pris des sous et après avoir remplis les poches de toute la veste, il ne savait où en mettre et c’est un garde-corps de ceux qui dirigent le dialogue qui l’a aidé à transporter son trophée de guerre. Beaucoup de choses se sont passées pendant ces moments, il ne nous appartient pas d’en faire les révélations. Certaines se feront d’elles-mêmes le moment venu et les Togolais comprendront comment UNIR a acheté une bande de ses adversaires. Dans ses conditions, où vous dialoguez en négociant des prébendes, l’ennemi vous impose sa volonté. Voilà d’ailleurs la raison pour laquelle, malgré son influence pour tailler le résultat du dialogue inter-togolais à son goût, le régime a fini par s’opposer à son application. Il sait que la plupart des opposants ont le doigt dans sa bouche.

Les quelques rares partis politiques qui ont refusé de prendre l’argent des mains des émissaires de la dictature sont considérés comme des ennemis publics à abattre. Ils devaient ou se taire ou s’exiler. Si on demande aux barons du régime actuellement de dire ce qu’un leader comme Tikpi Salifou Atchadam a fait pour que sa tête soit mise à pris par le RPT-UNIR, ils ne sauront répondre. C’est ainsi que la dictature croit avoir eu de solution. Dans un pays où le peuple dispose d’une force morale crédible qui est soucieuse de l’avenir des populations, l’on devait déjà interroger tous les représentants à ce dernier dialogue sur le rôle qu’ils ont joué pour aider la dictature à corrompre la volonté des peuples.

Mgr Kpodjro a un affront à laver contre la dictature en place. Ce qu’il a connu au temps de la conférence n’était que la face visible. Les anciens retiennent que pour faire de ce prélat le remplaçant de son prédécesseur en tant que Evêque d’Atakpamé, Eyadema s’est opposé à la volonté du Vatican. Parfois par des actes de vandalisme du préfet d’Atakpamé de l’époque, même si ce dernier préfet finira écraser par le même régime. Les cérémonies d’investiture de Mgr ont ainsi connu de sérieux soucis et se sont déplacées d’un endroit à l’autre car Eyadema avait son Evêque dans la poche, un proche d’un emblématique baron, passons. Si en prenant pour une unième fois sa revanche sur la dictature, il peut aider les Togolais à obtenir l’alternance, c’est tant mieux. Mais en lavant le linge sale en famille avant de se lancer dans le choix d’un certain candidat unique pour l’opposition, le doyen a manqué d’information sur le rôle joué par les gens. Ainsi prendra-t-il les mêmes pour recommencer. Il a travaillé sur la base des accointances, il est arrivé avec des préfabrications pour construire son alternance et le résultat c’est un prétendu candidat unique de l’opposition.

En réalité, un candidat unique choisi avec des considérations mesquines dans un reliquat qui ne devait sa survie que dans de tels regroupements de circonstance. Agbeyomé, nous n’avons rien contre lui. Mais l’honnêteté souhaiterait qu’on reconnaisse que vues les conditions dans lesquelles il est choisi, vues les cuisines qu’il traîne, il a beau se repentir devant Mgr, cela ne fait pas de l’ancien premier ministre un saint ni touche. Le même Mgr qui a présidé la Conférence Nationale Souveraine où, acculé de révélations sur des crimes, l’ex fidèle d’Eyadema avait versé publiquement les larmes. Il y a des crimes économiques et humains qui ne s’oublient pas par une simple visite à un Evêque. Monsieur Agbeyomé est un véritable éléphant avec un pied cassé, on ne saura le dire autrement. Si à la sortie de cette élection, la dynamique Kpodjro a capté quelques ministères, c’est une bonne chose pour le «candidat unique».

Combattre une idéologie dans une lutte de classes?

La Dictature togolaise est forte, certes. Mais il existe désormais une résistance gênante qu’elle n’a pas pu corrompre. Elle a corrompu quelques leaders, elle n’a pas pu corrompre idéologie née avec l’arrivée du 19 août. Cette idéologie, cette prise de conscience collective, refuse de rentrer en cellule, elle refuse de s’exiler. La politique que véhicule désormais le 19 août n’est plus un cahier de charge d’une formation politique, c’est déjà une idéologie. On peut envoyer tout le monde en prison, mais idéologie survivra et fera son effet le moment venu.

A chacun son « talon d’Achille »

Achille, c’est ce guerrier que nul sabre ne pénétrait. La légende enseigne que, jeune enfant, « la mère d’Achille l’avait trempé dans les eaux de la rivière magique Styx. Cette eau devait protéger le guerrier en gestation de tous les dangers. Il avait toutefois une faille. « L’enfant était tenu par le talon pour ne pas être emporté par le courant. L’eau magique n’avait pas recouvert cette petite partie de son corps ». Ainsi, à l’âge adulte, Achille paraissait aux yeux de tous invulnérable aux armes de l’ennemi. Néanmoins, dans la bataille contre Troie, un soldat ennemi, instruit par quelqu’un qui connaissait la faiblesse d’Achille, visa de sa flèche le talon sans protection, seul point susceptible d’être blessé ». Le coup se révéla fatal. Ainsi, est née depuis lors, l’expression « talon d’Achille ». Ceci se réfère à l’endroit vulnérable d’un individu, le point faible d’un plan ou d’une institution.

Les dictatures impitoyables comme celle des Gnassingbé on des points faibles. On peut en énumérer à profusion, surtout avec le fils, les exemples crèvent les yeux.

Du RPT à UNIR, le système s’est installé dans la routine. Le régime n’a plus d’innovations à vendre à son peuple. Plus loin, il a perdu la capacité à s’adapter rapidement à de nouvelles initiatives qu’il importe parce qu’il y a eu succès ici ou là. Inutile de vous rappeler que les nombreux plans de développement dont raffolent Faure Gnassingbé et sa bande sont importés d’autres pays où l’expérience a été concluante. Même les expertises des experts qui ont fait leurs preuves ailleurs et dans de grandes institutions internationales, Dominique Strauss Kan, Tony Blair et que sais-je encore, sont souvent noyées dans la routine au Togo. La routine est un venin contre un monde en mutation.

Qui a l’information à la guerre. Mais pour ne pas déplaire à leurs supérieurs, des subordonnés peuvent ne pas rapporter les informations précises ou complètes dont les dictateurs ont besoin pour prendre des décisions. Le cas actuellement de l’affaire Tiger. Une vérité est servie à Faure Gnassingbé alors qu’une autre sévit sur le terrain juste parce que, si toute la vérité doit être dite, des officiers et grands barons dont nous gardons les noms seront en difficulté. Pour ne pas embarrasser le premier Togolais, une autre version lui est donc servie et la vie continue.

Comme toute formation politique, le RPT-UNIR est né avec une idéologie qui pouvait se vendre cher à ses débuts. Mais actuellement, le monde a déjà dépassé ces considérations où la paix, la solidarité de façade ne se limitent plus à de simples slogans d’animation populaire. Le temps où il est vertueux de regarder vers une même direction a vécu. L’idéologie s’est érodée, les mythes et symboles de la dictature sont tombés. Si elles survivent, elles sont rendues instables par les mutations.

Le népotisme a détérioré l’efficacité et de la compétence de la bureaucratie. Depuis quelques années, il est devenu un luxe au Togo de tomber sur un document administratif sans faute alors que les employés y travaillent avec les moyens de la République.

Les conflits entre les institutions de la République, des rivalités ou hostilités personnelles qui nuisent drastiquement au fonctionnement de la dictature, la gestion unipersonnelle des sociétés d’Etat. Le dernier exemple vivant est le cas de Togocel. Il vous souvient que dans un de ses rapports sur le Togo, le FMI a cru devoir relever que le Togo ne connaît pas exactement la valeur chiffrée de sa dette car « les trois compartiments qui doivent travailler à l’évaluation de la dette ne collaborent pas » et chacun fait son boulot indépendamment de l’autre. La classe intellectuelle se résume à la recherche du pain quotidien et ne réfléchit plus. Elle ne sait plus où commencent les valeurs où elles finissent, la vie de chacun se résume à avoir une maison, une voiture et de belles maitresses comme luxe. Bref, il faut vivre et laisser la dictature vivre.

Les Togolais dans leur grande majorité sont devenus indifférents et sceptiques face à l’avenir que peut représenter une telle gouvernance.

Dans une dictature séculaire, la hiérarchie est toujours instable. Nous portons depuis un an une information selon laquelle, parce qu’une femme s’y oppose, Monsieur Faure Gnassingbé n’a pas pu jusqu’ici remplacé le Directeur général du port autonome de Lomé. Nous avons connu des cas de détenus à qui monsieur le président a accordé la liberté mais qui ont passé encore des jours en prison parce que quelqu’un n’a pas intérêt à les voir libres. Un tel environnement est favorable à une instabilité qui peut naître des sources militaires à tout moment.

Partout, les rôles sont renversés. Par exemple dans l’armée, quand les militaires commencent par être ceux qui remontent les informations sensibles à la police et à la gendarmerie alors que c’est à ces derniers de faire des investigations pour remonter l’information quitte à demander renfort à l’armée le cas échéant, il y a hic.

Par souci de contrôler les centres névralgiques du pouvoir, si peu de personnes, pas forcément les compétentes, prennent assez trop de décisions le dictature en place est exposée aux erreurs de jugements et de politiques.

Pour éviter ces dangers, si le régime décentralise les contrôles et les pouvoirs de décision, il perd de sa maîtrise sur les leviers centraux du pouvoir. Ce n’est pas un hasard si un conseillé irremplaçable comme Barqué a laissé entendre que « le jour où le régime ferra une vraie décentralisation, il tombe ». Voici autant de talons d’Achille d’un système qui a fait de vieux os. L’opposition a une variété de choix si elle aussi n’avait pas affiché, elle aussi, son talon d’Achille à la recherche invétérée de : l’argent, l’argent, l’argent.

Au temps jadis au Togo, de courtes protestations ou manifestations de masse pouvaient produire des espoirs temporaires. Mais les taupes de l’opposition ont tout bazardé, il n’est plus possible de se mettre ensemble pour repenser la lutte, repenser un plan d’action qui inquiète le régime. Car ils sont prêts, à la première réunion, à vendre l’information au camp d’en face.

Les diplomates ou la «dictatovirus»

Les spécialistes de la santé savent mieux le danger qu’un virus peut être pour la santé publique. La peur est un virus répandu dans les masses par les dictatures, et les canaux diplomatiques sont un moyen excellent. Leurs comportements entretiennent le doute et accordent le sursis aux dictatures. Ils sont les premiers à alerter leur pays pour accroître la peur en situations d’instabilité alors que précédemment c’est encore eux qui disaient qu’il n y a rien, c’est le peuple qui craint.

Au Togo, tout comme dans beaucoup de longs règnes, la présence des représentations diplomatique est un virus dont il faut trouver l’antidote. Les virus, de quelques natures qu’ils soient, font toujours des ravages. En répandant ce virus, l’objectif du régime est d’acculer le peuple de façon à ce qu’il soit incapable de croire en sa capacité d’avoir une santé stable, de se libérer. Certains pensent trop vite qu’ils ne peuvent être sauvés que par l’intervention des tiers. Ils placent leur confiance à tort ou à raison en des forces extérieures: l’opinion publique, les Nations Unies, un autre pays, une puissance ou je ne sais quoi encore. Cette confiance accordée à des puissances extérieures peut être très mal placée. Le dernier gangstérisme de la CEDEAO dans la crise togolaise et le silence, pour ne pas dire, la complicité en cours des représentations diplomatiques dans notre pays sont éloquents.

Le plus régulièrement, les puissances étrangères tolèrent et même soutiennent une dictature afin de faire avancer leurs propres intérêts économiques et politiques. Inutile de rappeler que le Togo est dans la sous-région un territoire de non droit où tous les autres pays, y compris les puissances, essaient les politiques des plus cruelles sur des peuples devenus cobayes. Un territoire de trafic de drogue en quantités industrielles. Il vous souvient qu’il y a quelques semaines des containers transportant 4,5 tonnes de cocaïne en direction de Lomé sont saisis en URUGUAY.

Qui selon vous peut se payer l’audace de commander autant de quantités de drogue si ce n’est ceux qui ont le droit de vie et de mort sur les Togolais en complicité avec des puissances ? Nous ne croyons pas si bien dire quand dans une émission radio il y a un an, nous affirmions que s’il existe un trafic qui n’arrive pas à rentrer sur le continent noir par le port de Lomé, ce trafic ne pourra plus rentrer par aucun autre port africain. Il existe au Togo des noms de famille qui sont des codes dans le trafic de la drogue. Quand on appartient à leur cercle, on n’est pas inquiété.

Peut-être ailleurs, d’accord, mais dans le cas togolais, les interventions extérieures n’ont fait le plus souvent que trahir le peuple opprimé et quand une certaine opposition carriériste met son ventre devant, la tâche devient facile. Nous portons présentement une information selon laquelle un grand pays influent sur le Togo, dont nous gardons le nom, a donné le OK a la dictature togolaise de faire ce qu’elle peut pour décapiter un parti comme le PNP si elle veut survivre. Vous comprendrez les raisons de l’acharnement contre ce parti sans qu’un grand intérêt soit accordé par certains pays membres du fameux G5.

Certaines puissances, quand il leur plaît d’agir contre la dictature togolaise, c’est pour mieux maîtriser le pays aux plans économiques, politiques ou militaires. Quand tout ce monde est acheté par des intérêts stratégiques, la survie de la dictature de notre pays ne peut dépendre que de facteurs internes. Il va falloir donc renforcer la détermination de la population opprimée et sa confiance en elle-même puis améliorer ses compétences pour résister. Il faut créer une puissante force de résistance interne et sortir des clichés qui continuent par croire qu’il n y a que des Togolais d’une certaines région qui sont bons pour porter les aspirations des Togolais. Une lutte de libération est un temps d’affermissement de la confiance en soi et de renforcement de la cohérence dans les décisions de tous les jours venant des responsables de l’opposition. Quand une dictature doit faire face à une force solide, intègre et sûre d’elle-même, dotée d’une stratégie intelligente, désintéressée avec des actions disciplinées, elle finira par s’écrouler de ses mille et un « talons d’Achille ».

L’enjeu, c’est mettre fin à l’existence même d’une dictature cruelle. Lorsque les enjeux sont fondamentaux, qu’ils affectent des principes religieux, des libertés humaines ou le développement futur de toute la société, les négociations ne peuvent pas trouver une solution acceptable si elles sont portées par de petits « Libanais » prêts à sauter sur la première offre. Un tel changement s’obtiendra par la lutte. Dans ce type de conflit, tout devient une lutte de classes. Le chantier est encore ouvert au Togo. Quelle perspective s’offre alors à une partie pour atteindre ses objectifs si, à la table de négociations, l’autre ne prouve pas de volonté de progrès parce qu’elle tient les armes? Que peut faire une partie si, après être arrivée à un accord, l’autre ne le respecte pas et utilise ses forces sur le terrain pour agir unilatéralement de manière non conforme à l’accord ? Une entente négociée n’est pas obtenue par l’évaluation des raisons et des torts des uns et des autres quant aux questions en jeu. Mais elle est obtenue par la capacité du peuple à être une menace. Et un peuple, si soumis soit-il n’est jamais définitivement éteint. Ce que peut faire le pouvoir de Lomé pour rester au pouvoir et neutraliser les démocrates, est su de tous?

Que peut faire les Togolais pour que la dictature de Faure ne fasse pas tomber le mythe selon lequel «un peuple est invincible »?

Pour chuter cette analyse par une note d’espoir, nous citerons le plus connu des politiques qui a fait cas d’école pour les dictateurs, Machiavel. Il résumait le talon d’Achille des régimes totalitaires en ces termes: « Le Prince qui a l’ensemble de sa population pour ennemi ne sera jamais en sécurité; plus grande est sa cruauté, plus faible devient son régime. »

Abi-Alfa

Source : Le Rendez-vous N° 346 du jeudi 13 Février 2020

 

 

Élection présidentielle 2020 au Togo : Capitulation Négociée d’une Certaine Opposition